Réalisation et Conception du Blog : Jean-Marc Coquelle

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15 novembre 2012

Clementz, vététiste grandeur nature

Molshémien d’origine, Buhlois d’adoption, l’Alsacien Jérôme Clementz parcourt la planète à VTT. Une voie qu’il a lui-même tracée parmi les pionniers du monde spécialisé de l’Enduro, avec un esprit très nature. Et surtout en professionnel depuis 2008. Atypique !

 
Jérôme Clementz aime s’adapter à tous les terrains de la planète comme ici sur la terre volcanique d’Islande ou dans les étendues sauvages de Nouvelle-Zélande (ci-dessus). Photos Jérémie Reuiller
 
 
Qu’un vététiste veuille sortir des sentiers battus du cross-country, discipline olympique, ou de la descente, quoi de plus normal. Mais de là à réussir à en faire son métier, il y a de nombreux tours de roue à accomplir. Eh bien, Jérôme Clementz a transformé sa philosophie de vie en métier en 2005. À 28 ans aujourd’hui, l’Alsacien œuvre non seulement pour Cannondale, fabriquant de cycles, mais également pour SRAM (groupes et transmissions) et Mavic (roues). Et le bureau du Bas-Rhinois d’origine, aujourd’hui établi à Buhl dans le Haut-Rhin, c’est tout simplement… la planète.

Ce statut privilégié, Jérôme Clementz ne le doit qu’à lui-même, à sa volonté d’élargir ses horizons vers une discipline non officielle, l’Enduro (lire ci-dessous), à une époque où c’était marginal. « Je n’étais pas le tout premier mais un des premiers à m’investir dans l’Enduro pour figurer aujourd’hui dans les cinq meilleurs mondiaux. J’ai fait ce qui me plaisait, plutôt que de rester dans un cadre défini. J’ai emprunté d’autres chemins qui, eux, me faisaient rêver ».

La nature a toujours attiré le Molshémien, mais le VTT n’était pas sa discipline de prédilection lors de ses débuts sportifs à l’âge de 11 ans. « Il y avait deux sections au Molsheim Fun Bike, où je suis toujours licencié : une de ski nordique et l’autre de vélo. Pendant six ans, j’ai fait les deux avant de choisir en juniors ». Le choix fut cornélien pour Jérôme Clementz, quatrième du championnat de France cadet de biathlon. S’il a opté pour le VTT, descente et cross-country, c’est parce qu’il avait accroché deux fois le Trophée régional du jeune vététiste avec le comité régional.

Sa spécialisation l’a amené à faire partie de l’équipe de France pour pointer au dixième rang des championnats du monde de descente juniors en 2002. Un statut qui ne le contentait pas. « Dès les cadets, j’avais du mal à choisir entre la descente et le cross-country. J’ai pris le départ de la Mégavalanche au sommet du glacier du Pic Blanc à l’Alpe d’Huez… »

C’est le coup de foudre. Prendre de l’altitude, à 3300 mètres, pour cette descente marathon élargit les horizons du jeune Clementz, qui voit sa carrière définitivement changer en 2003. « Je me suis fracturé le scaphoïde lors de cette première année seniors, deux fois de suite. À la fin de cette année-là se sont montées l’Enduro Series et la Maxiavalanche, qui représentaient un bon mix avec des valeurs qui me correspondaient. Avec une dimension de voyage et de découverte propre à la discipline. »

En 2005, l’Alsacien gagne pour la première fois la Mégavalanche, à 21 ans. Ce succès lui ouvre les portes du professionnalisme. « J’ai franchi le pas chez MBK avec une partie course et une autre de développement ». L’année suivante, Jérôme Clementz partage son temps entre études dans la filière sport STAPS et le VTT. Au fil de ses sorties, l’Alsacien acquiert un tel statut qu’une opportunité se présente en 2008. « Grâce à Cannondale, je suis devenu vraiment pro à temps plein sur le vélo. »
S’il ne passe pas ses jours et ses nuits avec cette petite reine qui lui a permis de rencontrer son amie Pauline Dieffenthaler, celui que l’on surnomme « le Jey » cogite autant qu’il teste les produits.


« Grâce à mon expérience, on peut modifier un détail de la géométrie, comme sur le nouveau vélo Cannondale. Les projets sont finalisés au minimum en deux ans. La plupart du temps, je fais des compétitions avec des vélos de stock. Pour les prototypes, les curieux doivent venir me voir à l’entraînement, où il m’arrive aussi de tester plusieurs paires de chaussures embarquées dans un sac à dos ». Jérôme Clementz assure aussi la communication régulièrement avec la presse spécialisée

Son savoir-faire lui permet d’élargir ses commanditaires, de Mavic à SRAM. Outre les essais, Jérôme Clementz ouvre de nouvelles pistes comme privilégier un seul plateau à l’avant avec le nouveau groupe de 11 vitesses de SRAM à l’arrière. « C’est plus simple, plus efficace et plus fiable ! » Une évolution technique testée et approuvée, avec une victoire à la clé cet été à Whistler au Canada.
Tous les terrains sont propices à des évolutions. Il y a une semaine, l’Alsacien était au Chili. « Je suis allé dans beaucoup de beaux pays avec des sentiers magnifiques un peu partout et c’est difficile de choisir un préféré. Si on doit avoir une appréciation globale, la Nouvelle-Zélande est vraiment sympa (photo ci-dessus). Déjà, c’est l’été là-bas quand c’est l’hiver ici. Et c’est encore très sauvage, si l’on excepte peut-être le bord de mer. Mais il y a de grands espaces et c’est assez magique. Il y a une culture très tournée vers l’outdoor ».

Cet anglicisme traduit bien l’évolution du personnage : « À l’école, je n’étais pas très attentif aux cours d’anglais. Maintenant, j’arrive à me faire comprendre ». Parfois il joint le geste à la parole, comme en 2011 au Cap Vert, lorsqu’avec onze autres « riders », il décide de mettre ses vélos aux enchères pour favoriser l’accès des enfants aux écoles.

S’il pilote tout autour de la planète, Jérôme Clementz n’en reste pas moins attaché à son massif vosgien, où il a créé l’Elsass Enduro Tour en 2009. Une formule de quatre courses, dont pourrait s’inspirer en 2013 un challenge au niveau international, là encore de manière privée (l’Union cycliste internationale a renoncé à mettre sur pied une Coupe du monde). Dans la tête du « Jey », les idées bouillonnent. « Pauline a rejoint ma société pour reprendre la compétition du Bluegrass Enduro Tour. Les gens sont aussi demandeurs de voyages à mettre en place. Et on a d’autres projets qui verront le jour d’ici trois ans ».

L’Enduro attire de plus en plus de compétiteurs, aguichés par ce compromis entre sport et nature. « Et la relève arrive avec l’Alsacien Nicolas Lau, pilote Cube, qui commence déjà à nous titiller, Rémy Absalon et moi », sourit-il.

Il reste que la médiatisation de la discipline demeure toujours en marge du cyclisme traditionnel. « Dans le VTT, on est bien mis en avant par les marques dans le monde, car l’Enduro devient une discipline phare avec de plus en plus de pratiquants, tempère « le Jey ». Mais comme ce n’est pas officiel, on n’a pas le ‘’bling-bling’’ comme les JO. Les gens de l’Enduro sont plus tournés vers la nature que la notoriété à la Voeckler ! C’est encore une discipline jeune et ce n’est pas facile pour tout le monde, avec seulement les dix premiers mondiaux qui en vivent correctement ». Le pionnier alsacien en fait donc partie. « Je n’ai pas à me plaindre », lâche-t-il pudiquement.

L’Alsacien se réjouit que le peloton des enduristes continue de grossir. « Quand nous avons débroussaillé les chemins, nous étions les seuls en Europe. Maintenant, d’autres pays suivent. Ça montre qu’on n’est pas complètement des illuminés ».

À l’évidence, l’Enduro dispose en Jérôme Clementz d’un ambassadeur hors pair à la hauteur de son professionnalisme.

       (  Source L'Alsace par Gilles Legeard          )    
 

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